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Souv∴ Chap∴ L’Amitié

Vallée de Lausanne

PelicanSouverain Chapitre L’Amitié
n°4
Vallée de Lausanne

L’origine du Souverain Chapitre "L’Amitié" de la Vallée de Lausanne est bien antérieure à celle de la fondation en 1873 du Suprême Conseil de Suisse. Le "Sublime Chapitre de la Vallée de Lausanne" a été installé par le Grand Orient de France le 4 juin 1810 sous la dénomination "Amitié et Persévérance". Cette date a été retenue dans la Constitution du Rite Écossais Ancien et Accepté de Suisse comme celle de la fondation du Souverain Chapitre "L’Amitié" de la Vallée de Lausanne. Il est probable qu’à ses débuts, les rituels pratiqués étaient ceux du Rite français ou du Rite moderne. Ainsi, à cette époque déjà, la maçonnerie des Hauts Grades était, sur le plan des influences tout au moins, étroitement dépendante de l’Écossisme français. 

L'histoire du Chapitre est lié à celle du Pays de Vaud. C’est sous prétexte de défendre les patriotes du Pays de Vaud révoltés contre la domination bernoise que les troupes françaises du Directoire, conduites par le général Ménard puis par le général Brune, envahirent la Suisse en janvier 1798. Cette intervention avait du reste été demandée dès 1797 par Frédéric-César de la Harpe, franc-maçon vaudois qui avait du s’expatrier en 1782. Berne fut occupée en mars 1798 après une courte mais vive résistance. À Lausanne, la république lémanique avait été proclamée dès le 24 janvier 1798, date retenue comme celle de l’indépendance vaudoise‚ L’ancienne Confédération des treize cantons avait éclaté. Le riche trésor de Berne fut saisi, de lourdes contributions furent levées auprès des cantons les plus fortunés et les millions perçus contribuèrent à remplir les caisses du Directoire et à financer l’expédition d’Égypte de Bonaparte. Une fois la Confédération dissoute, une nouvelle "république sœur", soumise à la "grande nation", fut proclamée : la République helvétique. De type unitaire, elle était tout à fait inadaptée à notre tempérament national et aux particularismes des cantons. Son existence fut fort brève.

Rapidement les luttes entre "unitaires" et "fédéralistes" provoquèrent un chaos politique dans l’ensemble de la Suisse: il y eut quatre coups d’État. Bonaparte, devenu Premier Consul, s’imposa en tant que médiateur et dicta en 1803 une nouvelle constitution de type fédéral. C’est ce que l’on appelle le régime de l’Acte de Médiation, qui dura jusqu’en 1814. Fait particulièrement important, les anciens pays sujets restèrent libres et le Pays de Vaud se vit promu au rang de canton souverain dans les mêmes limites que celles qu’il possède aujourd’hui. Il demeure que la Suisse était réduite à l’état d’un vassal, ou d’un État satellite, de la France. 

De quelle Suisse s’agit-il ? Sur le plan des frontières, on a peine à imaginer aujourd’hui les amputations successives qui ont alors séparé la Suisse romande actuelle du reste du pays. Notre prospérité et le calme qui règne en Europe nous font oublier combien l’intégrité du territoire d’une nation peut se révéler précaire. A ce titre, la fonction unificatrice de notre Rite est primordiale et il nous faut souligner avec constance que le franc-maçon suisse est fidèlement et entièrement dévoué à sa patrie. Mais refermons cette brève parenthèse et attachons-nous à évoquer la Suisse romande et le Canton de Vaud d’alors. 

Genève a été rattachée à la France dès 1798. Le Valais, détaché de la Suisse et Constitué en République rhodanienne dès 1802,. Le territoire de Neuchâtel, érigé en principauté autonome en 1806, a été dévolu au maréchal Berthier, chef d’état-major de Napoléon. Tout le Jura de langue française, jusqu’aux rives du lac de Bienne, a été peu à peu annexé par la France. Ainsi‚ à part le Canton de Fribourg, catholique et où la Franc-maçonnerie est proscrite, le Canton de Vaud est le seul dans cette Romandie réduite à sa plus simple expression à pouvoir faire état d’une tradition maçonnique. Dans ce canton de 145’000 habitants sur une population totale de 1’800’000 âmes pour la Suisse, les francs-maçons vaudois constituent indéniablement une force de progrès et de liberté. Ils sont prêts à faire revivre la Franc-maçonnerie momentanément en sommeil.

Source : "Racines & continuité 1810-2010", décembre 2010, L'Amitié.